La noix de cajou, entre bienfaits, éthique et conscience

Je suis horrifiée ce matin. Un amie a partagé un documentaire sur la délicieuse noix de cajou, que j’ai beaucoup de plaisir à utiliser dans la ball gingembre.

Je savais que si on les vend décortiquées, c’est parce la coque renferme une résine toxique pouvant provoquer des allergies si on les consomme crues; c’est la même toxine que l’on retrouve dans le sumac vénéneux d’ailleurs…

Naïve que je suis, je ne me suis jamais posée la question de savoir comment on les décortique, et je n’ai pas imaginé une seule seconde que ce composé entrait directement au contact de la peau en provoquant de graves dommages. Je croyais que ce composé était à l’intérieur même du fruit et se dégradait lors du traitement à la vapeur.

Ce reportage tourné en Inde me laisse donc un goût amer, moi qui n’ai pensé en toute bonne foi qu’aux côtés positifs : riche en magnésium, en cuivre, en vitamines B et en phytostérols, ces derniers étants particulièrement intéressants pour la santé cardio-vasculaire.

Dans ma recette au gingembre, la noix de cajou donne un moelleux supplémentaire qui fait de cette ball une de vos préférées.

Ecologiquement, c’est sur papier une bonne idée : l’arbre à noix de cajou, l’anacardier, est un arbre à enracinement profond. Il prospère particulièrement bien dans les zones arides. Ainsi, il permet de freiner l’érosion. En Inde et sur les côtes africaines, il a donc naturellement trouvé sa place. Sa plantation a permis de reconstituer un couvert forestier dans de nombreux endroits, en plus de représenter un revenu non négligeable à la population, revenu proportionnel à l’engouement américain et européen.

J’ai donc effectué quelques recherches.

J’ai découvert par exemple que la noix de cajou d’Afrique fait un détour par le Brésil avant d’arriver ici. L’empreinte écologique est tout simplement honteuse… Qu’Inde que le décorticage se fait à la main, contrairement au Vietnam – d’où proviennent celles que j’utilise – où les machines font le sale boulot.

Alors, oui, je suis bien consciente et j’assume depuis le début ma position contradictoire : de bons produits, choisis pour leur valeur nutritionnelle incomparable, et d’origine biologique pour le bien de tous, mais qui viennent de loin.

Mais à partir du moment où je suis informée, il m’est difficile de faire semblant de ne pas savoir, même si je sais très bien que bio n’est pas synonyme de 100% éthique.

J’ai probablement, inconsciemment, fermé les yeux sur les conditions de récolte et de traitement de mes matières premières, parce que, bien évidemment, il n’y a pas que la noix de cajou dont on parle à ce niveau. 

Parce que c’est plus facile. Parce que trouver l’équivalent totalement éthique et transparent est extrêmement compliqué.

Parce que le prix est encore plus élevé que ce que je débourse actuellement pour des produits d’une grande qualité, et que cela signifierait répercuter cette augmentation sur le prix de vente. Au risque de ne plus vendre suffisamment pour moi-même en vivre. 

Certaines des matières premières utilisées chez Super Bon proviennent parfois d’importateurs où l’éthique est plus assurée que d’autres, et je profite de promo ou de commandes groupées pour y arriver. En effet, il faut parfois compter un minimum de commande franchement conséquent pour pouvoir être livré sans que cela ne coûte en plus un rein !

Bref, arriver à concilier toutes mes valeurs – humaines, écologiques, environnementales, nutritionnelles – et la réalité est un vrai parcours du combattant. Mais une de mes devises étant “mieux vaut fait que parfait”, je me console en me disant que, quelque part, j’arrive à toujours à toucher du bout des doigts au moins l’une ou l’autre. Mais est-ce suffisant ?

Probalement pas, mais tout ça veut dire que je peux encore m’améliorer pour vous proposer encore mieux, et ça, c’est plutôt une bonne nouvelle, non ?