Ces dernières années, de nombreux articles parus tant dans la presse médicale que sur des blogs et sites “healthy” en tout genre vous ont incité à diminuer votre consommation de sucres.
Les dangers de l’hyper consommation, vous l’aurez bien compris, sont réels : augmentation de maladies cardiovasculaires, de la problématique de l’obésité, des caries, des troubles hépatiques, de la fatigue, et même de la dépression.
Selon une large étude menée à travers 195 pays, un décès sur cinq dans le monde serait d’ailleurs lié à une alimentation déséquilibrée, et l’excès de sucre est un des facteurs principal de ce déséquilibre.
En tant que professionnelle de la santé, je ne peux qu’applaudir face à cette sensibilisation et cette prise de conscience de masse.
Ce qui me gène dans cette démarche, c’est la culpabilisation vis-à-vis des consommateurs que nous sommes : après tout, c’est de notre faute si on mange autant de sucre. Qui a besoin de biscuits, de limonades ? Personne, on est bien d’accord : ces aliments ne font pas partie de ceux dont nous avons besoin pour vivre.
Mais ce n’est pas si simple : l’industrie agro-alimentaire a une part non négligeable de responsabilité dans ce gavage auquel nous avons été soumis ces dernières décennies, bien malgré nous.
Dans la course au profit, c’est notre santé qui en a pris un coup ! Car le sucre est partout, même là où on ne l’attend pas. On a beau savoir qu’il y en a dans tous les produits préparés, on ne s’imagine pas nécessairement en trouver dans la charcuterie, les sauces et vinaigrettes, le surimi, la soupe, les chips, les conserves de légumes, etc …
Même les fruits séchés sont parfois enduits d’une couche de sucre pour les rendre brillants ! J’ai d’ailleurs en ce qui me concerne eu beaucoup de mal à trouver de la noix de coco râpée non sucrée pour Super Bon.
Cet article du Figaro détaille bien l’usage immodéré du sucre dans l’industrie agro-alimentaire : pour une question de goût bien sûr, pour compenser l’amertume ou l’acidité par exemple, mais aussi de conservation, de coloration. Et puis, ça coûte moins cher d’utiliser des tomates quasi vertes de piètre qualité et d’y ajouter du sucre, plutôt que des tomates dont il aura fallu attendre la maturité, mais pourtant pleine de goût.
Dans toute une série d’aliments considérés comme sains, l’utilisation massive de sucre est bien présente. Voyez cette grande marque française de biscuits aux céréales, dont les boîtes sont ornées de jolis épis de blé pour nous faire croire qu’on va faire du bien à notre corps. Retournez la boîte et constatez par vous-même.
Les barres de céréales ou autres en-cas et boissons “santé” s’y sont mis : ils mettent en avant la teneur en fruits, en protéines – vive la mode du paléo et du régime cétogène – mais décryptez la liste d’ingrédients écrite au format microscopique pour d’obtenir toutes les infos et voyez de ce que ça donne.
Le problème se situe dans la quantité bien sûr, mais ce qui me fait bondir plus encore depuis de longues années, c’est la qualité des sucres utilisés, dont il est prouvé depuis bien longtemps qu’ils sont encore plus délétères qu’un “simple sucre”. Les sirops en tout genre, dont je vous parlais ici d’ailleurs. Fin des années ’90, des études montraient déjà les ravages du sirop de glucose-fructose…
Mon conseil : lisez les étiquettes et vérifiez que si sucres il y a, ils se trouvent le plus loin possible dans la liste. Évitez les sirops de glucose, fructose, etc … ça a l’air bête, mais vous seriez étonné des variations de compositions pour une simple tranche de jambon !
Ce n’est vraiment pas facile de s’y retrouver et de faire des choix éclairés, puisqu’on essaie de nous prendre pour des pigeons au détour de chaque rayon. Heureusement, de plus en plus de marques prennent conscience de leur rôle, de façon éthique – entendez par là au-delà du profit des investisseurs.
C’est d’ailleurs mon engagement depuis 2016 avec Super Bon.
Au final, retenez quand même que ce n’est pas tellement le sucre en lui-même qui est dangereux, c’est la quantité et la qualité que nous consommons. “Tout est poison, rien n’est poison : c’est la dose qui fait le poison” disait Paracelse au 16ième siècle.
Il n’y a pas de raison de se sentir coupable de s’offrir du “tout prêt” : une pâtisserie, un smoothie, un yaourt aux fruits ou des brochettes marinées. Il est normal de ne pas nécessairement avoir le temps ni l’envie de préparer la moindre de ses bouchées soi-même. Dans ce domaine, la règle des 80-20 est une bonne tendance : manger la plupart du temps le moins transformé possible, mais ne pas culpabiliser quand ça arrive.
Et puis, surtout, ne pas oublier la convivialité, le partage et le plaisir.